Le CBD

Le CBD

Halte au discours promotionnel ou anxiogène sur le CBD !

La connaissance scientifique progresse.

Il suffit de faire une recherche sur Internet pour savoir que le cannabidiol (CBD) est un cannabinoïde présent dans le cannabis (Cannabis sativa) et le chanvre industriel (utilisé pour ses fibres). Au contraire du THC, le CBD n’a pas de propriétés euphorisantes et n’est donc pas régit par la loi sur les stupéfiants. En poussant un peu plus loin, sur les sites répertoriant les études scientifiques, le CBD aurait des propriétés anti-inflammatoires, anti-douleurs et antipsychotiques. Le CBD possède de nombreuses applications thérapeutiques et de nombreuses recherches sont en cours. C’est l’un des composants (avec le THC) du médicament Sativex qui a obtenu son autorisation de mise sur le marché, dont l’ex-Ministre de la santé Marisol Touraine s’était félicitée, mais qui est toujours attendu par les patients car il y a blocage au niveau de l’entente entre le fabricant et l’ANSM sur son prix.

 

En cristaux ou « huile », sous la langue, ou à vaper.

Le CBD existe sous forme de cristaux ou de liquide huileux que l’on peut placer sous la langue (absorption sublinguale), en spray buccal en ce qui concerne le Sativex, et aussi maintenant en liquide à vaper. Cette dernière forme est très intéressante car l’absorption pulmonaire est plus rapide et nécessite de plus faibles doses (il est donc plus facile de contrôler la dose que l’on prend, sans risque de surdosage, tout comme le vapoteur le fait avec la nicotine). Sous forme d’huile il convient d’éviter de l’utiliser en le vapant (comme toute substance lipidique). Il existe plusieurs dosages, en général les liquides à vaper peuvent se trouver en 200 mg, 500 mg ou 1000 mg /10 ml (les cristaux étant solubilisés dans un mélange de propylène glycol et de glycérol, la base de tout liquide à vaper). Son prix cependant est beaucoup plus cher qu’un liquide nicotiné destiné à la vape et limite donc son accessibilité. Les dosages inférieurs ne présentent apparemment pas d’intérêt car trop faiblement dosés.

 

Une alternative au joint, un produit de réduction des risques !

Comme pour le tabac, c’est la combustion le problème, et la vaporisation est donc une démarche de réduction des risques. Jean-Pierre Couteron, Président de Fédération Addiction, insiste sur le fait que le débat qui s’ouvre résulte simplement de notre impossibilité à gérer la mise en place du cannabis thérapeutique et à organiser la réglementation du statut du cannabis.
Le CBD est avant tout un anxiolytique et un régulateur des émotions. Une récente revue scientifique a été publiée dans le British Journal of Pharmacology (1). Pour les personnes qui fument un joint le soir pour s’endormir, le CBD est très efficace. De même pour les personnes qui font des crises de panique (2). Selon une étude récente, la dose la plus efficace pour lutter contre l’anxiété est de 300 mg par jour par voie orale (capsules). Une administration par liquide à vaper permet de diminuer la dose (une dizaine de bouffées peuvent suffire).
L’une des utilisations les plus avancées est le traitement des douleurs neuropathiques de la sclérose en plaque, bien que l’efficacité du THC soit semble-t-il plus établi dans cette pathologie (3). Certaines personnes l’utilisent aussi pour les douleurs chroniques (articulations ou musculaires), mais les données d’efficacité sont moins complètes. Une consommation régulière au cours de la journée serait alors recommandée avec un liquide à vaper.
Des études dans la maladie de Parkinson ont été réalisées, avec des effets principalement sur la qualité de vie. En association avec un traitement par la nicotine (4), cela permettrait sans doute des progrès dans le traitement de cette maladie très handicapante.
Enfin, le CBD semble aussi être utilisé avec un certain succès pour arrêter la consommation de cannabis.

 

Doit-on vendre du liquide à vaper au CBD dans une boutique de vape ?

Les boutiques de vape se posent beaucoup de questions. Certains ont franchi le pas, mais beaucoup d’autres hésitent justement par peur de l’amalgame avec la consommation de cannabis. Encore une fois, c’est la connaissance qui fait progresser, pas les articles sensationnels. On en trouve d’ailleurs en Suisse chez les débitants de tabac (si le taux de THC ne dépasse pas 1 mg), sans que cela ait suscité une telle mise à l’index. Je conseille aux boutiques d’en vendre, mais sans pour autant en faire la promotion. La demande existe, il suffit donc de pouvoir y répondre. Ce n’est pas le rôle d’une boutique de vape de promouvoir l’utilisation du CBD, par contre les addictologues et les médecins traitant les maladies citées plus haut, et au fait des connaissances scientifiques, pourraient tout à fait envoyer leurs patients chercher ce CBD dans les boutiques spécialisées dans les produits du vapotage. Chaque boutique pourra donc en conscience décidé d’en vendre ou pas.
Plutôt que de s’offusquer de trouver du CBD sur Internet ou dans les boutiques spécialisées en produits du vapotage, nous ferions mieux de nous recentrer sur la question de la réduction des risques, comme c’est le cas pour la vape, et sur la place du cannabis thérapeutique.

 

 

1 Lee JLC et al. Cannabidiol regulation of emotion and emotional memory processing: relevance for treating anxiety-related and substance abuse disorders. Br J Pharmacol. 2017 Oct;174(19):3242-3256. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28268256
2 Article en libre accès : Soares VP, Campos AC. Evidences for the Anti-panic Actions of Cannabidiol. Curr Neuropharmacol. 2017;15(2):291-299. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5412699/
3 Article en libre accès : Rudroff T, Honce JM. Cannabis and Multiple Sclerosis-The Way Forward. Front Neurol. 2017 Jun 23;8:299. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5481305/
4 Paris Match : Parkinson : des malades dénoncent l’abandon d’une thérapie efficace. http://www.parismatch.com/Actu/Sante/Parkinson-des-malades-denoncent-l-abandon-d-une-therapie-efficace-1363304

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